Ce furent des nuits singulières, de celles qui s’inscrivent dans la chair et dans l’âme. Un moment croisé imprévisible. Je pourrais parler d’attente inattendue parce que notre histoire c’est un peu cela. Le reflet d’une hésitation. Un premier rendez-vous manqué à vingt ans, une timidité mutuelle qui s’était prolongée et nous avait éloignés toutes les années qui avaient suivi.
Je t’ai reconnue à ton sourire. La maturité l’a embelli. Il crée sur ton visage de jolies ridules, des ondes de joie à chaque fois que je te regarde. C’est un présent particulier. Une réalité évidente qui balaye le doute. Nos vies établies et les gens que nous aimons deviennent un souvenir lointain. Octobre nous offre une échappée sur laquelle nous nous arrimons. Juste pour un temps, juste le temps de nous aimer, parce que nous ne pouvons pas faire différemment, nous ne savons pas faire différemment. Nous aimer jusqu’à l’épuisement, m’as-tu dit. Mais nous n’étions pas certains d’atteindre un jour l’épuisement. Au contraire plus les nuits passaient plus nous nous sentions fort de l’amour que l’on recevait de l’autre.
On tangue sous le poids du désir, on balbutie des mots maladroits qui prennent la mesure de notre sentiment. Toutes les nuits je sillonne les ondulations de ton corps, je découvre les constellations que forment tes grains de beauté, c’est à chaque fois une nouvelle histoire qui se dessine. Tes mains, ta bouche sont partout à la fois, insatiables, curieuses, gourmandes. Tour à tour nous laissons l’amour nous aimer. Et puis il y a la chaleur de ton ventre, la distance qui soudain n’existe plus et les nuits d’octobre qui deviennent audacieuses et terriblement vivantes. Au fil de ces nuits partagées, j’entends le murmure de l’amour. Ça palpite de plus en plus fort comme un écho à ces rêves de gosse que l’on a, lorsqu’on aime pour la première fois. Les jours trop longs dans l’attente de te retrouver, les nuits généreuses, bien trop courtes. Et le désir, le désir de toi qui s’amplifie, qui fait ombrage à toutes les autres nuits vécues sans toi. C’est un temps particulier, non prémédité. Juste un présent ridiculement court et intensément long. Trente et une nuits. Aurait-on pu en vivre mille et une ? Et autant d’autres jusqu’à notre mort ? Oui, je lisais dans tes yeux que l’idée ne te déplaisait pas, ton sourire l’attestait aussi. On aurait pu. Aurait-on dû ?
Parce que d’autres ont toujours leur place dans nos vies, nous avons repris la route de notre propre existence. Ce temps dérobé s’est terminé comme il a commencé. Tu vois, j’ignore où tu habites et avec qui. Je t’invente une vie dont je ne connais rien. Je t’espère heureuse. Mais tu me manques. Souvent. Tout le temps. Le sais-tu ?
Depuis, tous les ans, octobre s’habille d’ombre. Il me reste cependant ce souvenir durable des nuits vécues près de toi. Ces nuits particulières, où l’ombre se fait lumineuse. Octobre fait battre fort mon cœur, trente et une nuits qui m’habitent encore.
Superbe texte! Octobre est le mois du souvenir heureux de l’été, en prendre la lumière por survivre à l’hiver!
Bravo
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Merci Émilie !
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« Mais nous n’étions pas certains d’atteindre un jour l’épuisement »… Son âme semble vivre, à jamais marquée de ces émotions, portant en elle et pour l’éternité cette étreinte, sûre de n’être jamais rassasiée du souvenir !
Voilà un Octobre incandescent ! Magnifique !
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« Jamais rassasiée du souvenir », j’aime beaucoup 🙂 et, oui c’est bien cela. Comme une empreinte en soi qui marque à vie…
Merci beaucoup !
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Il se cache sous les feuilles d’automne d’octobre le temps de l’été du cœur. Et le temps d’une peur on s’imagine que peut-être tout cela n’a pas existé. Pourtant Novembre reformera sous les tapis feuillus les traces subtiles de nos timides émois. Surgira en mémoire sensible un regard, un geste retenu, un sourire inattendu, la couleur de ses yeux dans un rayon de soleil traversant les heaumes glorifiant les secrets instants. Il est si beau ce texte, si touchant, prenant, portant au rêve et à l’impossible retenu tout en finesse du cœur, posé là au fond de l’âme, tel un trésor presque inaccessible et soyeux. Quel magnifique cadeau pour nous tous. Merci Laurence.
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Merci beaucoup JM pour ton beau commentaire déposé sur ce texte. Touchée…
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« Octobre nous offre une échappée sur laquelle nous nous arrimons. »
Octobre, une parenthèse sur la vie ?
Très beau texte tout en sensualité 🙂
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Une parenthèse, oui pourquoi pas. De celle qui marque durablement.Merci Valentyne 🙂
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On peut toujours renoncer, jamais oublier… Joliment dit.
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Merci Coquelicot
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Je plussoie Camille ; joliment écrite et racontée, cette nuit d’octobre, Laurence !
Tiens, dès que le loup me laisse un moment, faut que j’écrive la mienne, de nuit.
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Merci Carnets. Ah ce loup qui croque même le temps ! J’attends, j’attends donc ta nuit 🙂
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Magnifique texte, qui m’a fait vibrer! Mais pas pour ce mois d’octobre, annonciateur du pire, qu’a toujours été pour moi, novembre.
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Merci Jacou.
Le pire… oui je peux comprendre…
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Oui, c’est un très beau texte, une très belle histoire à peine esquissée mais qui m’a emmenée quand même assez loin en rêve. Bien joué, Laurence.
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Merci beaucoup Camille. Je voulais effleurer cette histoire, à peine y entrer pour laisser la place à tout ce qu’elle suggère. Ravie de voir que ça fonctionne.
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Parfaitement bien, même !
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🙂
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oh que j’aime ce texte! si lumineux et sobre à la fois! il me réconcilie avec octobre, grâce à toi, laurence…..merci 🙂
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Mille mercis Malyloup. Octobre offre de jolis moments, contente de t’en avoir offert un 🙂
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