L’agenda ironique entame une nouvelle année, amorcée par Carnets Paresseux qui nous invite à ses Espèces d’espaces. Un sujet ouvert à la créativité 🙂 A lire ici pour les précisions du thème.
C’était toujours pareil avec les mots. Il ne fallait pas les bousculer, sinon ils finissaient par s’échapper. Ça partait dans tout les sens, créant des espèces d’espaces qui se soulevaient à contre courant et on avait du mal ensuite à leur dire de ne pas rêver. Parfois ils partaient si loin que l’on finissait par les oublier, c’était alors terrible de ressentir le vide qui tout à coup résonnait en chacun de nous. Ça tonnait fort, comme un silence dans l’absence d’existence. D’autre fois il ne restait qu’un vague souvenir, comme un parfum de mimosa un peu entêtant et obsédant dont on ne parvenait pas à se défaire. C’était à l’image d’un souvenir que l’on garde, vous savez, au bout de la langue. La page blanche avait beaucoup de mal à faire face à cet état d’oubli. Elle ruminait son ennui et sa crainte de ne plus arriver à rien de bon. Elle s’épuisait à rassembler les mots, à les enlacer, à leur donner vie mais il n’y avait rien à faire. Quand les mots s’emmêlaient et décampaient dans des espace anonymes tout paraissait flou. L’incertitude prenait de l’ampleur, on frôlait la rupture temporelle, les mots glissaient, sans forme, ni force. Des plats dans l’eau qui n’éclaboussaient même pas. De temps à autre, je partais avec Tom et le chat pour fureter un espace différent dans l’espoir de dénicher une espèce moins aléatoire, mais c’était plus fort que nous, on se laissait happer par le vent des inspirations, on se nourrissait de la richesse des mots. Il y avait ainsi des espèces d’espace disséminées partout qui nous rendaient curieux. Par exemple, cette visite dans cet espace où les miroirs se jetaient des mots à la face de l’autre. Ça fusait dans tout les sens, des joutes verbales expressives qui ouvraient les champs des possibles de façon incroyable. Comme à son habitude le chat s’était pris au jeu et il avait fallu toute notre ténacité pour qu’il ne se laisse pas happer par l’attrait séduisant des reflets multiples des mots dits. D’autres fois dans d’autres espaces, on découvrait des espèces en voix de disparition, les mots devenaient autres, de façon à semer la pagaille dans les histoires. L’ordre des choses se métamorphosait. Naissaient alors des pensées un peu folles, des idées étranges, des rêves d’océans dans les nuages, des hippocampes volants dans des cieux audacieux. C’était tout autant singulier et excitant à observer parce que tout à coup l’univers évoluait en une beauté farouche qui s’autorisait le n’importe où, et le n’importe quand. D’autres fois, on picorait des mots à droite, à gauche, avant de choisir un menu au choix des paragraphes, on goûtait le plat de l’autre en mangeant avec les doigts, on buvait des paroles à en ressentir l’ivresse jusqu’au bout de la nuit et tant pis si le lendemain on avait l’impression que des tentacules nous sortaient de la tête tant nous nous étions enivrés.
Sans aucun doute le souvenir le plus tenace reste celui où nous nous étions perdus aux confins des espaces. Une espèce rare avait élu domicile et nous avions passé quelques jours à nous laisser bercer par la douceur des couleurs qui tintait à nos oreilles. Ça donnait des sons particuliers, des métamorphoses forcément spectaculaires dans lesquelles nous nous abandonnions. Le chat y était particulièrement sensible. Il jouait à multiplier les mélanges sur les palettes de mots, des expressions nouvelles apparaissaient et accordait de beaux moments à nos oreilles attentives. Si bien que pour lui faire plaisir nous lui en avons offert un. Je vous laisse l’imaginer. Fier d’avoir reçu un mot coloré, il paradait à présent devant les autres chats de l’espace, comme une espèce unique, et c’était sans doute le cas depuis qu’il avait le poil vert.
Voilà, je vous ai livré un aperçu de ma réalité. A présent, il est temps de vous laisser, j’ai des mots à écrire. Une espèce assez impatiente qui attend de poursuivre son histoire. Un jour, peut-être, vous la raconterais-je.
Un vague sentiment d’apnée à la sortie ! manque d’
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Manque d’air, alors ? 🙂
Merci de ta lecture Monesille.
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hi, mon clavier me joue des tours !
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🙂
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Des phrases qui nous attrapent avec leurs tentacules et nous laissent émerveillés … Je fais un bisou baveux au chat vert bien méritant 💚
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Merci Val. Bisou baveux transmis. 🙂
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Infatigable exploratrice!!!
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J’y travaille 😉
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Ce texte est la preuve qu’il vaut mieux laisser les mots en faire à leur tête (folle), faire la fête, s’enivrer et nous enivrer aussi. Encore faut-il savoir les stimuler!
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C’est vrai, laissons-leur la liberté d’être ! ça crée parfois des idées 🙂
Merci Mo !
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La litanie des mots…si on ne l’avait pas, que serions nous…
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Sans doute la créerons-nous. 🙂
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Belle realite Laurence, des mots, des mots et encore des mots !
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Oui, et qu’ils ne cessent pas d’exister surtout ! Merci Sylvie 🙂
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Hi hi! Grâce à toi, on laisse l’angoisse à la page blanche 😉
Le souvenir au bout de la langue et les mots qui picorent ! Bravo!
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Oui, juste retour des choses ! 😉 Elle m’en a fait baver ces derniers mois celle-là !
Merci Émilie !
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excellent ! je ne sais pas dire mieux. si : un peu jaloux, j’aimerais bien que mes mots n’en fassent qu’à leur tête de cette manière là.
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Allons donc, Carnets. Tu jongles avec les tiens avec une aisance remarquable !
Mais j’apprécie le compliment 🙂 Merci !
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Le moins que l’on puisse dire, c’est que les mots t’obéissent et que tu les fais aller, venir et évoluer sous ta plume comme des fauves dans un numéro fantastique et superbement réglé !
Et pourtant ce n’était pas gagné avec les bestioles proposées par le sujet !
¸¸.•*¨*• ☆
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Merci pour l’appréciation Célestine. Pourtant en ce moment je t’assure qu’ils n’en font qu’à leur tête et que je ne sais pas très bien où ils m’emmènent. J’erre un peu moi même dans des espaces étranges 🙂
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Et ça c’est bon!!!
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