À l’étage la pièce est grande et malgré les rideaux largement écartés et la fenêtre ouverte, il y fait toujours sombre. Moins qu’ailleurs dans la maison cependant. Il y a des livres sur les murs, des bibliothèques qui s’imposent.
C’est l’été. La chaleur monte en ce début d’après-midi. Aucune brise ne vient rompre l’air lourd. C’est ici que le calme a le plus d’impact. Je n’entends plus les cris, ni les silences emplis de violences. Ici est un lieu à l’abri du monde et tout autant ouvert au monde. Je puise l’existence dans les histoires et les mots que j’absorbe. Je m’évade.
Je m’évade pour oublier l’indifférence de ma mère et l’outrance de mon père. Quelques fois j’oublie où je suis, j’endors ma mémoire de tous les maux vécus, de chaque nuit où son souffle et son poids pèsent sur moi, et d’autres fois, y a pas moyen, non rien à faire, les mots et les histoires des livres ne suffisent pas à oublier la douleur, la déchirure, le dégoût.
Je m’évade. Et je me fous de savoir si j’en ai le droit ou pas, je me fous de savoir si être attirer par le vide est justifié ou pas. J’aspire seulement au silence. Celui qui apaise et me garde de la peur. Par la fenêtre, je jette un coup d’œil vers le sol, si loin et si proche. Je me penche. Le vide m’attire. Il m’aspire pour l’éternité dans le chant incessant des cigales. Pendant une fraction de seconde, je me demande si celui-ci va s’éteindre au même rythme que moi, puis plus rien n’a d’importance. Je m’évade. Je m’évade vraiment.
Ce texte a été écrit en réponse à l’atelier d’écriture n°300 : une photo, quelques mots de Bric à book
😦 un texte très puissant et tragique
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Le prochain texte sera moins plombant, promis ! 🙂 Merci de ta lecture.
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Un texte puissant par les mots justes et l’atmosphère lourde qui en émane. Les livres sont une merveilleuse évasion. Ils nous font oublier ce qui nous entoure et nous font entrer dans un autre univers : ton texte a aussi eu ce pouvoir.
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Merci beaucoup pour le compliment Josplume
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Ah, une pièce pour se blottir, avec la couverture des livres comme rempart ! Bien vu.
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« Je n’entends plus les cris, ni les silences emplis de violences » c’est à ce moment de la lecture que je me suis dis que quelque chose de douloureux se produisait. Cette pièce est pour lui un refuge, une échappatoire jolie annoncée et puis cet instant entre le rêve et la réalité, c’est une très belle lecture.
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Merci Janickmm
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Bonjour Laurence.
Un texte lourd, très très lourd par sa réalité percutante.
« lourd » ici n’est pas négatif du tout, c’est plutôt un compliment car ton texte, par son poids, descend bien au fond de moi, là où normalement tout est trop léger pour y entrer.
Merci pour ces mots. Belle journée à toi.
Val
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Je ne sais jamais à l’avance ce qu’une photo, un mot, une musique pourra déclencher en moi, mais j’écoute en quelque sorte ce qui en émerge… Merci à toi, tes retours sont toujours précieux.
Bonne nuit, Val.
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Très joli rythme et l’on a envie d’accompagner ce « je » dans son évasion en attrapant à notre tour un des livres… 😉
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Merci Antigone ! 🙂
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Quelle puissance!
Le silence contraste avec la violence, qu’on sent en effet sous-jacente. C’est étrange parce que j’ai pensé la même chose en voyant cette photo.
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Je viens d’aller te lire 🙂 Effectivement, le silence des livres est un rempart à la douleur, tu l’exprimes aussi très bien.
Merci Marie !
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Bel accord, entre texte et photo ! Belle réussite.
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Merci beaucoup, Christophe.
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Les non-dits de ce texte résonnent dans le silence de la bibliothèque… C’est très réussi !
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Merci Estelle ! 🙂
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Les livres, la fenêtre ouverte sur l’été invitent à quelque délicieux moment de plénitude et pourtant dès les premières lignes on pressent l’ombre qui rôde, la lourdeur d’un drame.
Ici même les livres ont perdu leur pouvoir…
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C’est cela oui, Almanito. L’apparente quiétude d’un lieu peut receler des drames. C’est malheureusement encore trop souvent le cas. La photo, au premier abord, évoque un moment paisible puis j’y ai vu (ou entendu) d’autres choses…
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comme Max-Louis et Victorhugotte, je lis à haute voix et je volerai volontiers les deux premiers paragraphes !
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Ah, les livres… 🙂
Merci beaucoup Carnets !
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Bon jour,
Excellent texte. J’ai lu à haute voix, c’est un texte qui porte haut, qui est sonnant et l’histoire d’un tragique s’impose par le rythme.
Max-Louis
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Si ce texte lu à haute voix porte loin, je crois qu’on peut dire qu’il fonctionne bien. Tant mieux ! 🙂
Merci pour le compliment, Max-Louis.
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Les premiers paragraphes surtout me parlent. J’y etais completement. Merci pour cette visite a l’ete! (Pardon pour les accents – clavier USA)
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Merci à toi 🙂
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