Elle lisait nue. Allongée sur le lit, alanguie, voire un peu endormie, ou assise dans le large fauteuil, le livre dans ses mains, comme en suspension devant ses yeux. De temps à autre elle se levait, le livre toujours en mains et marchait. La démarche naturelle, sans éprouver la moindre gêne des contours impudiques de son corps, sans même l’idée de se montrer ainsi vulnérable, elle lisait. Et, au rythme des pages tournées, quelquefois, s’arrêtait au détour d’un mot, d’une phrase.
A la posture du corps je devinais les tensions que créait sa lecture, elle disait, écoute, en levant son index comme pour retenir mon attention, se plantait devant moi, attendrissante, vierge de textiles, la peau laiteuse constellée de taches de rousseur. Ses cheveux détachés frôlaient ses seins. Je regardais les aréoles brunes, le ventre rond, son nombril creux, les hanches pleines, la toison sombre, les cuisses fermes. Quelquefois mon regard descendait le long des jambes jusqu’aux pieds. Et, quand elle reprenait sa balade, les orteils vernis jetaient comme des taches de couleurs sur le plancher. Tu m’écoutes ? insistait-elle et je hochais la tête avant de fermer les yeux. Je restais silencieux, attentif à la moindre nuance de sa voix. Selon l’intensité de sa lecture, elle modulait sa perception et sa tonalité résonnait dans chaque fibre de mon corps. Je me sentais alors dépouillé de toutes mes années d’errance, de mes propres déambulations oisives. J’étais plus nu habillé qu’elle dénudée. Elle me débarrassait de toutes les couches sordides, le passé pesant se drapait de pudeur, s’esquivait, s’éloignait, comme un souffle léger.
Elle lisait, à nouveau silencieuse, douée de clarté, s’asseyait, jambes croisées, libertine, ainsi vêtue de sa nudité et, dans la désinvolture sensuelle de son corps libre, naissait ma propre renaissance.
En mai, pour l’agenda ironique,on se met tous à « nu, nue, nus, nues » comme il nous plait, et c’est chez Valentyne que ça se passe
J’adhère complètement à cette façon d’écrire le corps, les gestes et les regards. Une belle mise à nu littéraire illustrée. Un texte qui m’a un peu rappelé Le body…
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Merci pour tous tes passages chez moi ces jours-ci. ça me touche beaucoup.
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Je me meus facilement dans ton univers, alors je crois que je vais aimer y plonger de temps en temps
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Quelle sensualité dans ce texte? Sensualité et humilité!
Et toujours un plaisir de lire tes textes!
Bravo
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Merci beaucoup Emilie ! 🙂
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Je le relis ce soir, il est vraiment très beau, et d’une délicate nudité, jusqu’à la chute troublante « dans la désinvolture sensuelle de son corps libre, naissait ma propre renaissance ».
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Merci beaucoup Véro.
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Fascinant !! Merci.
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Merci à vous !
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Laurence, c’est juste…. magnifique! Quel style, quelle atmosphère! Vraiment, je suis éblouie, comblée, transportée! Un pur délice.
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Oh, merci Clémentine. Je suis ravie de savoir que ce texte te plait.
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Superbement évoquée, la nudité de cette lectrice peu frileuse… 😉
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Merci beaucoup ! C’est tout l’avantage de créer des histoires, les lectrices nues n’ont jamais froids 🙂
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Joli texte de douceur feutrée, de complicité partagée, d’intimité dévoilée.
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Merci Anne.
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Très beau et sensuel
et puis j’ai adoré la fin « et, dans la désinvolture sensuelle de son corps libre, naissait ma propre renaissance. » …..(pour le clin d’oeil à la nudité de la naissance …je ne sais pas si je suis très claire ….)
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Oui, il y a aussi de ça… Plus nu que la naissance, vierge de toute trace… on peut jouer ainsi longtemps 🙂
Merci Val. Si le thème choisi m’a tout d’abord déconcerté, j’adore la diversité qu’il propose !
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Waouh ! On ne lit plus la scène, on la vit. Bravo.
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Merci Haley ! 🙂
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Quelle puissance Laurence! Il y a tant de naturel, d’authenticité dans cette nudité. On sent toute la vérité de cet instant partagé.
C’est très beau.
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J’aime croire que cet instant est celui d’années de complicité 🙂
Merci beaucoup Marie !
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Le don de soi, parfait, naturel sans tabou ni la moindre arrière-pensée mais tout en générosité.
Attirer le regard et dire « écoute! », c’est très fort, un peu comme le font quelques rares et très grands acteurs qui s’oublient complètement pour donner leur texte.
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J’ose y voir le sens de l’amour… 🙂
Merci Alma
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un texte court mais qui dit tellement! j’adore! bravo laurence!
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Merci Maly 🙂
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J’aime beaucoup le texte. Et l’illustration aussi qui lui va à merveille.
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Merci pour les compliments Aldor. 🙂
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Bon jour,
Une plume mise à nue et quel.le nu.e … très beau texte.
Max-Louis
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Merci beaucoup Max-Louis 🙂
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Cette nudité là semble si naturelle…
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Elle l’est… Merci Estelle.
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Wahoooooo
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Merci 🙂
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bonsoir Laurence…
C’est terriblement beau
les mots choisis, le rythme …Je l’ai lu et relu (habillée toutefois.. quoique moins déjà qu’à mon retour du travail…)
Tout est beau et le « tu m’écoutes » scande merveilleusement le tout…
Vraiment bravo!
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Bonsoir Barbara… Ravie que tu perçoives ainsi les nuances de ce texte.
Merci infiniment.
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