Après la pluie

Après la pluie

Couchés dans les hautes herbes , nous avons écouté le chant des arbres. De leur sève s’écoulait l’aube du monde. Nous avons creusé le sable de nos mains pour y enfouir le temps des souvenirs, quelques restes de nos existences. Dans le murmure du vent on a entendu celui de l’eau, l’oscillation des vagues en quête du littoral. On s’est assis tout près, l’âme imprégnée des odeurs de sel et de celles des embruns.

On a regardé la déchirure du monde se gorger d’amplitude. La pluie saturait les rivières et les fleuves. Les terres prenaient des allures de larges bras de mers. Quelquefois l’incompréhension, et l’inquiétude se lisaient sur les visages.

Les paysages se métamorphosaient au rythme des pages d’un livre. Le temps virait au gris, ça pulsait fort l’idée d’une finalité, tout comme le temps qu’il fait en juin le trois, sera le temps de tout le mois. Mais on savait qu’il ne fallait pas s’y fier. Nous restions à l’écoute. Le mois avait beau être capricieux, indécis, coureur de jupes en dentelle d’arbre, les dérives multiples annonçaient les changements à venir.

Du haut des cimes, dans le balancement des branches, on devinait déjà la lumière.

Le défi A vos claviers #8 chez Estelle de l’Atelier sous les feuilles. Un dicton (pas évident!) à insérer dans le texte : Le temps qu’il fait en juin le trois, sera le temps de tout le mois.

Et la poésie de tiniak que ma toile à inspirer à lire sur son blog ICI

20 réflexions sur “Après la pluie

  1. C’est une ballade intelligente au creux de la nature, et on en profite, on saisit l’instant précieux, on s’interroge, on se surprend, on espère aussi, et l’on reste solidaire à cette belle nature qui souvent nous émeut. Tout cela est dit clairement et simplement, alors on ouvre les oreilles et on se laisse faire. Merci !

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  2. Bon jour,
    Je retiens :  » Nous avons creusé le sable de nos mains pour y enfouir le temps des souvenirs, quelques restes de nos existences. » Souvenirs qui deviennent filigranes et nos pensées ne sont pas de sable, hélas et le sablier de la pensée parfois ressasse trop de la mélasse souvenirs aigus abrasifs alors que sont devenus les bons souvenirs ? Il y a des Juin à fumer et des Juillet en devenir et le 3 est de tous les mois après deux et avant quatre pas de compte à rebours ou à rendre nous sommes dans l’envergure du chemin encore à parcourir …
    Max-Louis

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    1. Que sont devenus les bons souvenirs ? Comme les moins bons, ils sont des souvenirs… je crois qu’il faut voir dans mes mots l’idée de ne pas s’y accrocher, ils ont vécu et comme tu le dis bien, il y a encore l’importance du chemin à parcourir. Cela devrait suffire pour le reste du temps à venir 🙂
      Merci Max-Louis

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  3. Coureur de jupes en dentelle d’arbre……oh que j’aime cette expression-là! Et plein d’autres dans ce texte comme la déchirure du monde se gorger d’amplitude! Un régal! Bravo Laurence!

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    1. Merci Alma. Je suis surprise que tu considères ce texte comme un poème, ça ne m’était pas venue à l’idée d’en écrire un. C’est un art d’écrire que je connais mal et que je maîtrise encore moins, même si j’apprécie d’en lire 🙂

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