La caravane avance sous un soleil de plomb. Les enfants – les deux qui restent – trop épuisés pour continuer à marcher ont été autorisés à s’asseoir dans la roulotte. Bercés par le roulis de la carriole, ils se sont endormis à l’ombre du seul baril d’eau restant. A l’abri dans un coffre, le dernier sac de céréales attend de trouver son sol fertile.
J’ai insisté pour que tu te reposes avec les enfants. Mais tu n’as rien voulu savoir. Tu mènes la caravane, déterminée à arriver à bon port. Toi seule sait nous guider. Toi seule connait le monde de demain. Il frémit déjà dans ton ventre.
Je ferme la marche. J’unis le lien que tu as construit. Toi devant ; guidant les derniers hommes.
La poussière nous enveloppe d’un manteau gris. Je rêve de pluie.
Malgré la fragilité du pont et notre crainte évidente, tu décides de poursuivre de l’autre côté. En dessous, le fleuve à sec a laissé place à un sol aux cratères immenses. Tu dis qu’il nous faut avancer coûte que coûte. Ne pas s’arrêter avant de trouver la dernière tour. Je ne sais pas où tu puises la volonté et l’assurance que plus loin nous irons, plus nos chances de survie seront grandes. Je ne sais comment tu peux d’une parole, d’un regard, rallier à toi les personnes qui te suivent. Le dernier peuple debout. Mais il te suit. Alors tu avances. Tu traces la route de nos lendemains.
Je ferme la marche et ne quitte personne des yeux. J’unis le lien que tu as construit. J’englobe chacun de mes pairs à l’intérieur de mon âme.
De l’autre côté du pont, le désert est aussi dense, aussi pesant que partout ailleurs. La chaleur, étouffante. Seuls les enfants sont autorisés à boire. Je te regarde avec insistance pour être certain que toi aussi tu uses de ce droit-là. La journée s’achève dans l’air lourd et la poussière. La lumière décline lentement. Je lève la tête vers le ciel. Rien. Pas un nuage. Je rêve de pluie.
Nous allumons les torches et poursuivons notre route. Ne pas s’arrêter, ne pas flancher. Chaque jour. Chaque nuit. Se relayer pour ne jamais cesser d’avancer. Jusqu’à trouver la dernière tour.
Du vent dépend notre survie.
A l’aube, tu pointes ton doigt vers l’ouest. Une main levée haut, l’autre posée sur ton ventre rond. Sous la brume de chaleur qui restreint notre vision se dessine une masse lointaine. Comme une onde en mouvement la fébrilité de chacun est manifeste.
Elle est là devant nous. Imposante. Caressée par la lumière du matin. Géante de pierres qui tutoie le ciel limpide. La dernière tour.
Une à une les turbines sont mises en route. Le bruit est assourdissant. Vibrant. Vivant.
Alors le vent. Le vent dans la tour. Le vent qui se lève, le vent qui souffle et amène les nuages.
Et nous fait don de la pluie.
Une photo, quelques mots. Atelier Brick à book 310
Crédit photo : © Tama66
Tout est bien qui finit bien, bravo Laurence mais une vision sombre du futur ;(
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Hum, oui tu as raison… la plupart (peut-être même la totalité) de mes textes d’anticipation sont assez sombres, même si j’y mets quelques touches d’optimismes !
Merci de ta lecture, Juju !
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merci à toi !
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Un superbe texte plein d’espoir…c’est vraiment très beau. Bravo!
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Merci Valérie 🙂
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Le narrateur est admiratif devant l’instinct (maternel) de cette femme, en lisant ton texte on est à ses côtés, fiers et épuisés, mais debout. Texte fascinant et beau à lire à voix haute, merci !
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Merci à toi pour le beau compliment Jannick.
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Superbe! Ton texte m’a transporté!
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Merci beaucoup Amandine !
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J’aime la puissance qui se dégage des personnages, mais aussi des mots. Très beau !
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Merci Leiloona 🙂
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Je suis toujours impressionné par cette conviction de ceux qui savent, non pas de connaissances, mais d’instinct ce qu’il faut faire, ce qu’il faut dire, où on doit aller, comme Moise qui menait ses troupes dans le désert. J’aime comment tu racontes les histoires.
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Oui, l’instinct est une force intérieure qui peut mener loin. Encore faut-il savoir rester à son écoute. 🙂
Merci beaucoup Pier, ça me fait plaisir que tu apprécies la narration de mes histoires.
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J’ai beaucoup aimé, le texte emporte, on est sur la route avec eux !
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Ah c’est super si tu t’es laissé emporter par le texte ! Merci beaucoup pour tes lectures Stephie !
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Un très beau texte. Bravo !
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Merci Antigone
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Je suis admiratif devant la persévérance de votre personnage féminin. Vous nous offrez une conclusion pleine d’espoir après un début tendu dans l’écriture.
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Merci beaucoup Dick. C’est le rôle du guide 🙂 Et puis quand on porte la vie, la persévérance et la détermination peuvent être un moteur très puissant pour survivre. Et oui, l’espoir… 🙂
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C’est puissant Laurence. Comme Malyloup je reste sans mots pour décrire mon ressenti.
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Merci beaucoup Marie 🙂
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Encore ce mot » souffle », je me demande pourquoi c’est ce mots qui nous est venus à la vue de cette image, un mot porteur d’espoir et de désespoir à la fois…
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Ici il est porteur d’espoir. J’y tenais. Comme une sorte de contrepied à ce que l’image pouvait évoquer de sombre. J’ai besoin d’espoir 🙂
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C’est vrai qu’il y a toujours une note d’espoir dans tes textes 🙂
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Oui 🙂
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Un bien joli texte.
Bonne journée à vous.
Tony
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Merci Tony.
Bonne soirée 🙂
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Pas de mot à écrire tellement les tiens sont justes……mmmmmm
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Oh, merci maly, très touchée… ❤
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