Lampadaire saisi en pleine créativité. Ville de Muret (31) Mars 2019
Murmures de voix et claquements de volets. La ville s’éveillait sur un des derniers matins d’hiver.
J’avais veillé toute la nuit. Durant la soirée j’avais été le pilier incontournable de l’indigent et tenu la chandelle ‒ malgré moi ‒ pendant des heures à un couple qui avait hésité à poursuivre les prémices de leur idylle. J’avais assisté ‒ de loin, mais j’avais la vue perçante ‒ à un règlement de compte sur la place du marché et à plusieurs deals entre revendeurs de drogues et toxicos. Les nuits étaient souvent plus fracassantes que les jours. La population sensiblement différente. Derrières les volets clos, s’animaient d’autres existences. On en parlait parfois entre nous. On avait vu défiler nombre d’habitants aux espoirs mal définis et aux rêves inaccessibles. D’autres qui jouaient la carte du raisonnable et de l’ennui et d’autres encore, celle du tragique. Si beaucoup s’en fichait, nous étions quelques-uns à penser que les générations à venir allaient avoir du boulot pour travailler l’espoir. J’y réfléchissais souvent pendant les heures creuses. Et tout particulièrement ce matin, alors que le soleil tentait de réchauffer la ville. Je songeais à ces utopies qui jouent de chimères. A la résonance d’idées folles. Nous étions nombreux à rêver. Mais les rêves des autres étaient à hauteur de leur suspension. Illuminer une rue, un pont, et pour les plus ambitieux, un quartier tout entier.
Moi, je rêvais plus haut. Je rêvais les étoiles. Celles qui inspirent et respirent les nuits fragiles peuplées d’infortunes, les heures prospères habitées des plaisirs de chair, et tous les instants assombris qui jouent de lumières. Je rêvais. Poète illusionné, enchaîné à la matière et pourtant libre. Je rêvais d’embraser les jours, éclairer les âmes plutôt que les nuits.
C’est ainsi que l’idée m’a traversé l’ampoule sans crier gare. Je me suis dit qu’à défaut de pouvoir changer le monde je pouvais l’embellir. Le célébrer avec des mots, des rimes et des histoires. C’est que voyez-vous, je crois que de l’inanimé nait aussi l’animé. On pouvait voir grand. Ou petit. Peu importe, tant que des fragments d’espoir s’affichaient manuscrits sur l’une de mes faces, et sur celles de mes compères et réverbéraient l’obscurité.
Quatre mots se sont alors imposés : Chesterfiel, Émétique, Atlantique, Évocateur. Ne me demandez pas pourquoi, ça s’explique pas ces choses-là. J’ignorais ce que j’allais bien pouvoir en faire. Mais nul doute j’avais matière à écrire. Et après, ma foi, après.
Espérer illuminer.
L’agenda ironique de mars, chez Max-Louis avec pour thème : Le lampadaire comme il nous plait de le voir et quatre mots à placer, Chesterfiel Émétique Atlantique Évocateur.
Il est chou ton réverbère…
« Eclairer les âmes plutôt que les nuits », magique!
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Merci émilie. 🙂
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Un très beau texte!
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Merci Anna 🙂
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J’aime bien les lampadaires, il y en a un accroché à ma maison, il veille et je me demande souvent ce qu’il pense. Merci d’y avoir répondu ;o)
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Ravie d’avoir pu éclairer ta curiosité Annick ! 😉
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Je ne verrai plus les lampadaires de la même façon dorénavant 😉 et quelle belle façon pour toi de poser ces 4 mots par évidents à incorporer au sujet. Je crois qu’il t’a bien aidé ce lampadaire.
Belle journée Laurence.
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Pour tout dire, prise par mon histoire, j’ai complètement oublié d’y insérer les 4 mots, j’ai donc biaisé, et oui, ce lampadaire m’y a bien aidé ! 🙂
Merci beaucoup Val.
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joli ! bel effet transformé !
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Merci beaucoup monesille !
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il a raison de changer de métier pour la beauté, bientot ils vont avoir des ampoules à laides les lampadaires, tu parles d’un progrès !
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🙂
Du moment qu’ils encouragent à éclairer le monde, moi ça me va 😉
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Il est superbe ce lampadaire, témoin de tant de choses et de destins!
Embellir le monde, quelle douce idée…
Merci Laurence pour ce beau texte lumineux
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Merci à toi Marie. Il n’y a jamais trop de lumières dans le monde… 🙂
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Un lampadaire bien sympathique, aux utopies de bon aloi 🙂
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Merci Marie-Anne. Je suis certaine que nombre d’entre eux rêvent d’idéal 🙂
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Bon jour,
Tout est possible dans l’immense et diversifié monde des lampadaires. Une richesse, ici dévoilée et nous porte lumineusement vers l’espoir que l’essence même de l’imaginaire peut devenir … réalité 🙂
Merci pour ce partage.
Max-Louis
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Merci Max-Louis. Je suis bien d’accord, les possibles que nous offrent les lampadaires sont riches et sans nulle doute variés, surtout quand ils se mêlent au plaisir d’écrire 🙂
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comme je l’aime ton réverbère qui participe, à sa manière, à l’agenda ironique….hihihi! j’en suis toute illuminée de plaisir! 🙂
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Merci beaucoup maly. Contente de savoir qu’il rayonne jusqu’à toi 🙂
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💖💖💖
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Merci Les faits plumes 🙂
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Il nous connait et nous raconte bien, ce réverbère philosophe et poète. Embellir le monde c’est aussi le changer, j’aime bien l’idée. Et ta photo !!! J’adore ta photo !
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Merci Alma. J’ai découvert ce lampadaire poète au hasard de mes déambulations dans la ville. Il m’a de suite interpellé. 😉
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