Pierre regarde Noémie endormie. Noémie au tempérament lunatique, à l’intelligence vive, au rire grave. Noémie et tous les silences qu’elle ne livre pas. Un paradoxe à elle seule, parfois difficile à atteindre.
Pierre va à la fenêtre. Pendant un long moment il fixe son reflet et les arbres ; la rue déserte, mal éclairée. Par intermittence, l’obscurité s’illumine pour mieux retourner à la nébulosité. Les éclairs zèbrent un ciel empli de confusion. Au delà de la rue, Pierre devine l’océan déchaîné. Le vent souffle fort, la grêle qui tombe est assourdissante. La météo avait annoncé des orages, et depuis plusieurs heures maintenant, la tempête fait rage.
Pierre pense au hasard de la rencontre et à l’occasion extravagante qui l’a poussé à parler à Noémie quelques mois plus tôt. Il s’était arrêté à la terrasse d’une brasserie et avait commandé un café. Il avait regardé et écouté les vagues lécher le sable jusqu’au moment où la voix de Noémie avait attiré son attention. Il se souvient de la quantité de boules de glace qu’elle avait commandé ‒ autant que les couleurs de l’arc-en-ciel, avait-elle demandé au serveur ‒ Il se souvient de la question qu’il n’avait pas pu retenir de poser. Et de la réponse espiègle, de Noémie. Deux petites phrases anodines à l’effet colossal.
Pierre entend Noémie se lever. Il ne bouge pas. Pas encore. Il a parfois du mal à se situer dans son histoire avec elle. La fragilité de Noémie et, tout autant sa force, lui donnent le vertige. Son inconstance déstabilise sa propre constance. Un paradoxe de plus.
Le jour se lève et révèle les dommages de la nuit d’orages. La rue, envahie de débris de toutes sortes, détritus, branches cassées, jusqu’au sable venu de la plage, a des allures de fin du monde.
Pierre voit la silhouette de Noémie se dessiner et s’approcher de lui. Il devine son sourire. Et Noémie, aussi aérienne qu’un papillon, lui souffle un bon jour en disant « On va voir la mer ? » Il la regarde enfin, si différente des filles qu’il a fréquenté auparavant. Il la regarde et son tourment s’apaise. Peut-être est-elle difficile à atteindre mais pas inaccessible, se dit-il.
Nul ne sait ce que l’avenir nous destine et cette pensée galvanise Pierre. D’un mouvement désinvolte, il saisit la main de Noémie, l’entraîne dehors et se met à courir dans la rue encore déserte.
Et le rire soudain qui l’accompagne suffit à sa raison.
Les plumes d’Asphodèle chez Emilie. Avec le thème Imprévisible, Quatorze mots à placer : Hasard Lunatique Intelligence Météo Confusion Soudain Papillon Effet Extravagant Zut Boule Destiner Dommage Désinvolte. (Une fois encore je n’ai pas réussi à caser l’un d’entre eux).
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Visuel peinture : M.C Escher
Magnifique. Merci
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Merci à vous Eric.
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C’est beau et c’est bon de savoir les autres heureux 😉 Merci
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ça sent la belle histoire d’amour. Peut-être pas pour toujours mais si belle et meilleure que plusieurs boules de glace de toutes les couleurs. Il faut prendre tant qu’il est temps. Tout peut se savourer avec passion même si ce n’est qu’un mirage ! Bisous
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On sent très bien toute la complexité et l’innocence, simple et entrainante de cet amour naissant. Un vrai bon moment encore une fois Laurence
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O
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Décidément, je ne me lasserai jamais des débuts d’histoires d’amour…
•.¸¸.•*`*•.¸¸☆
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Tu as bien raison 🙂
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Bravo! Le texte est tout en douceur et en fluidité et la fin est magnifique! On aimerait courir avec eux!
Bises Laurence et à bientôt
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A bientôt Emilie. 🙂
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J’aime vraiment bien ton univers textuel (et graphique !). Tout pour plaire, aussi paradoxal soit-elle, aussi confus soit-il. Leur histoire (brève ? éphémère ? comme le papillon ?) est belle de simplicité.
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C’est que ces instants de vie décrits font partis de la vie 🙂
Merci Milena.
Le tableau est M.C Escher. Ses lithographies (entre autres) sont fascinantes !
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Un récit délicieux, Laurence, à la fois tendre et sérieux. Une scène de vie bien étudiée, imaginaire certes mais pas si loin de la réalité de la vraie vie. J’aime beaucoup 😆
Bon dimanche et gros bisous
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De l’imaginaire nait la réalité et de la réalité nait l’imaginaire 🙂
Merci Soene. Bises itou !
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Quelle formule est-elle la vraie Laurence ? 😉
Bonne semaine et gros bisous
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Un bien joli texte ! il faudrait que j’essaie de participer un jour. On verra. Merci en tout cas pour ce partage Laurence. Excellent weekend à toi 😊☀️
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Les plumes reprendront en septembre, tu as le temps d’y penser.
Et j’espère bien te lire autrement que dans tes chroniques, je ne doute pas un instant que tu t’en sortiras très bien.
Merci Frédéric. Très bon week-end à toi aussi. 🙂
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C’est gentil Laurence, merci. Excellent weekend à toi avec ce beau soleil☀️ ! 😊
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tout s’explique en un rire : éloge de la raison 🙂
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Ne jamais sous-estimer ce rire-là 🙂
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J’aime beaucoup ce texte. Chapeau bas ! 👍
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Merci Lydia, ça me fait plaisir 🙂
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Quel jolie plume… Merci pour ce récit envoûtant.
Belle après-midi
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Merci à toi, La Plume 🙂
Bon week-end !
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Bravo pour la chute. J’aime beaucoup cette phrase : » le rire soudain qui l’accompagne suffit à sa raison. »
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Merci beaucoup Anna.
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Comme je suis un peu fleur bleue j’adore ces histoires d’amour émotionnelles… avec le sourire
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Merci Lilousoleil, j’en suis ravie car pour ma part j’aime les écrire 🙂
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