Je me suis calé dos au mur de l’escalier C, avec vue sur les boites aux lettres. Je ne bougerai pas de la nuit, ni de la journée. Nous sommes le 26. C’est le dernier jour. J’en suis certain. J’ai le cœur qui bat un peu vite quand j’y songe.
Le rituel s’est installé depuis près d’un mois. Je crois que j’ai commencé à les attendre dès la troisième lettre. Au début, j’ai pensé à une pub glissée dans la boite, mais chaque jour les enveloppes étaient de couleur différente. Très vite, j’ai davantage prêté attention aux enveloppes qu’à leur contenu. Les premières, une fois rassemblées tournaient autour de nuances bleues, puis jaunes et enfin rouges. Je les ai toutes punaisés sur le mur de ma chambre face à mon lit comme une immense palette de couleur, aussi grande que le nombre reçu.
Bien sûr chaque missive reçue est intrigante même si elle manque sérieusement d’originalité depuis que j’ai compris qu’il n’y aurait jamais rien d’autre qu’une feuille A4 pliée en quatre sur laquelle était inscrite une lettre de l’alphabet. Une lettre par jour, en commençant par la première de l’alphabet. Ont suivi le B, le C, le D et ainsi de suite dans l’ordre établi depuis l’apparition de l’alphabet latin.
Passée la surprise des premiers messages j’ai cherché à découvrir quelle main venait déposer chaque jour une lettre dans ma boite. J’y ai passé nombre d’heures, sans succès. J’ai tenté celles du jour puis celles de la nuit. Selon la lettre reçue j’y ai associé une heure, j’ai tenté de résoudre des probabilités improbables qui à défaut de réponses m’ont permis de sombrer dans les bras de Morphée avec facilité.
J’attends. J’attends sans certitude, avec une émotion de l’ordre d’une étincelle vibrante. C’est peut-être idiot, dénué de sens et sans doute est-ce le cas pour la plupart des gens. Pourtant j’y vois de l’extraordinaire dans l’ordinaire, une sorte d’éclat de vie dans mon existence inhabitée.
Une photo, quelques mots. Bric à Book #jour16
Quelle imagination débordante et je me laisse embarquer toujours avec autant de plaisir dans tes écrits.
Qu’il est bon de voir ces mots là écrits « Pourtant j’y vois de l’extraordinaire dans l’ordinaire »
Je continue ma promenade dans ton univers 😉
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C’est sans doute la phrase qui me définie le plus 🙂
Merci Val.
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J’ai l’eau à la bouche, une suite de ce mystérieux personnage qui dépose des lettres de couleurs 🙂
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Bon jour,
En abordant la lecture du deuxième paragraphe j’étais dans l’expectative … et au fur et à mesure j’ai commencé à percevoir … et puis, et puis … je suis dans l’attente d’un rebondissement … où est-ce tout simplement une fin … sans fin 🙂
Max-Louis
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Voilà un « corbeau » peu ordinaire… on attend forcément, comme la personne qui reçoit ces enveloppes, le dénouement de l’histoire
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L’expéditeur associe des couleurs aux lettres, après tout un autre l’avait déjà fait pour les voyelles 😉
Joli texte qui me laisse rêveuse…
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Tu as poussé ma curiosité à aller me renseigner sur celui qui avait associé des voyelles aux couleurs. Je ne connaissais pas ce poème d’A.Rimbaud.
Merci Alma 🙂
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