
Je porte en moi des millénaires d’existence, la patience de nos pères et la sagesse de nos mères. De la semence à la sève, la terre, le ciel, l’air et le feu m’ont façonné. J’accompagne les sources et le vol des oiseaux, le feu du couchant et la quiétude de l’orient.
L’histoire est récente mais elle prend naissance dans les temps anciens. Un matin, l’Homme a posé sa main sur moi et dans le flux de son sang, j’ai entendu le regard fuyant du monde et toutes traces des humains sans repères. Il portait en lui nombre de pensées en déroute, vacillait sur les brèches de l’existence, petit être usé par des siècles de bitume et de vanité. Ses racines, frêles et périssables avaient délaissé l’essentiel, négligé les modes et les façons de grandir. J’ai puisé loin dans le journal du temps pour lire la mesure de ses erreurs, les nœuds innombrables, les heures glaciales et les orages violents. Pour l’Homme j’ai absorbé les maux de la terre, drainé les trop pleins. J’ai plongé dans les abîmes pour y recueillir la mémoire et l’origine du monde, et dans l’intervalle, j’ai vu le corbeau planer près de mes cimes, tournoyant comme un radar en quête de réponses. La terre grondait, respirait l’air en souffrance et la peur des hommes sans foi. J’ai traqué chaque manque, chaque gouffre et réparé chaque vibration interrompue, offrant des courbes d’horizon et de l’audace, pour accueillir la vie. J’ai ouvert toute amplitude pour, tel un boomerang, lui permettre de revenir à la source. Alors, des racines profondes le chant des montagnes a jailli et dans la résonance du jour les ragots se sont tus. Et comme des notes de musique longtemps réprimées on a à nouveau entendu iodler les mers et le vent.
Pour les plumes d’Asphodèle chez Emilie. Du thème Echo ont découlé 13 mots à placer : montagne, mode, ragot, radar, corbeau, iodler, boomerang, hoquet, résonance, journal, gronder, profond, glacial. J’ai fait l’impasse sur hoquet.
Photo : © Lucile Duneau-Délis
j’espère qu’avec cette crise qui ressemble à un film catastrophe de fin du monde, l’humanité va revenir à une certaine sagesse originelle
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Je suis ébahie de voir de quelle belle façon tu permets aux mots de s’unir. Après ce très beau texte, je suis allée voir les mots et je suis vraiment étonnée. Je vois les mots comme des sons acérés qui se transformeraient en une belle mélodie.
Je passe vraiment un agréable moment en lisant, ce matin, tes mots ou tes couleurs
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fort beau texte qu’on pourrai intituler « Journal et témoignage d’un arbre séculaire ». Un témoignage d’un arbre qui parle de ce qu’il a v, des combats qu’il a menés et des attaques contre lesquelles il a tenu bon.
Un arbre qui a vu passer les âges, témoigne comme un vieux sage expérimenté qui semble avoir son idée sur ce qu’il a vu et sur l’Homme
Un superbe texte qui illustre très bien cette photo d’arbre bien dressé sur ses racines, un arbre fier et majestueux qui semble conquérir les cieux et qui, de sa hauteur a dû voir tant de choses.
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Merci Yann, la photo a été prise par ma fille cadette. Je trouve aussi qu’elle illustre bien mon propos 🙂
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Félicitations à ta fille qui a rendu toute sa force et sa majesté à cet< arbre en le photographiant en contre-plongée. On sent la volonté de conquête des cieux par cet arbre.
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Merci pour elle, Yann.
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Whouaouh !!!
C’est saisissant !
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Merci Emilie 🙂
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Magnifique texte !
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Merci beaucoup Lydia
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Oh la la ! Que c’est beau ! Je crois que je vais aller de ce pas, enlacer le mûrier platane de notre jardin. Me dira-t-il de si belles choses ? Il est encore juvénile et ne pourra que me raconter des fadaises. Je vais plutôt me diriger vers le vieux cerisier. À défaut de répondre à mes questions, il fera tomber sur ma tête les pétales blancs qui décorent ses branches. Bisous Laurence. Bon week-end.
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Merci, Mijo, profite bien de ton jardin ! Chez moi le cerisier est déjà en fruits. Si le temps se maintient, la cueillette s’annonce précoce.
Bon dimanche. Bisous Mijo
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Les pétales volent de tous côtés. Notre cerisier a poussé tout seul chez nous. Un rejeton de celui du voisin, certainement. Il donne de magnifiques cerises. Et je peux les cueillir depuis le balcon.
Qu’est-ce qu’il me tarde ! 😋 bisous.
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Très beau texte, Laurence. Je cois que je vais aller le lire à mes amis les arbres, je suis certaine qu’ils l’aimeront…
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Peut-être bien que ce sont eux qui me l’ont soufflé…
Merci Francine.
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Je n’en serais pas étonnée…
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Quelle douceur dans tes mots , quelle clarté .J’adore BRAVO
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Merci beaucoup Ghislaine
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Ton texte m’a beaucoup touchée Laurence, il est plein de symboles et j’aime tant les arbres, la nature, le vrai… même si hélas j’ai certains jours de gros vilains défauts comme tout le monde. Merci
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Merci Marie. Avoir conscience de nos défauts nous rapproche déjà de ce vers quoi nous irons si nous savons écouter autrement 🙂
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quelle lumière dans ce texte et les mots sont si habilement placés que je ne les ai pas vus. superbe !
avvec le sourire
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Merci Lilou, ce n’était pourtant pas gagné avec ces mots-là ! Je suis ravie de savoir qu’ils se fondent dans le texte pour laisser place à ce que je voulais exprimer.
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Bon jour Laurence,
Une belle sève que ce texte qui porte tous les reliefs de ce végétal noble qui dépasse par sa nature les racines de tous les hommes …
Max-Louis
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En retour le compliment est beau. Merci Max-Louis.
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Ce texte est lumineux, une résonance philosophique et poétique à la situation actuelle. J’ai beaucoup aimé même si on sait bien que le bruit des hommes reviendra..
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Merci Alma. Oui, le bruit des hommes va revenir, souhaitons juste qu’il soit en conscience.
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