Georgios Îlyfékuoi (1889-1938)
Artiste-peintre d’origine grecque précurseur du mouvement passionné.
La fidélité (1920)
Huile sur toile
70 × 90 cm
Galeria Noctámbulo Madrid
La fidélité de Georgios Îlyfékuoi est une œuvre particulière dans le parcours du peintre. Elle a longtemps divisé les critiques d’art car beaucoup furent tentés d’y mettre un sens moins sentimental que celui évoqué par Georgios Îlyfékuoi, – sans doute heurtés par la liaison que l’artiste entretint avec la jeune Pepita Micorazon, alors mariée au collectionneur d’art Don Diego. À plusieurs reprises l’œuvre fut ainsi séparée de sa recevabilité entre l’hommage à la jeune amante et l’étude du mouvement passionné. Il est pourtant bien question d’hommage et pour être plus exact de double hommage. En effet, Georgios Îlyfékuoi fou amoureux de la jeune andalouse s’invitait très souvent chez le mari de cette dernière. L’hommage à la fidélité de l’amour qu’il éprouve pour Pepita, certes discret sur cette toile n’en est pas moins bien réel. Ici, l’artiste met en scène Pepita Micorazon et son chien « Keskecébo » lors d’une promenade dans le parc de la propriété. L’animal et la jeune femme sont très complices, (on décèle d’ailleurs dans la correspondance épistolaire qu’entretinrent les deux amants, une pointe de jalousie de la part de l’artiste qu’il niera avoir eu envers « Keskecébo » même si une rumeur circula comme quoi il peignit cette toile pour faire taire les mauvaises langues)
Georgios Îlyfékuoi pose son regard à ras de patte, le tableau centré sur le mouvement, mettant en valeur l’évènement central du sujet. Rappelons que l’année où Îlyfékuoi Georgios entreprit de peindre La fidélité, (1920) l’artiste a déjà fait cinq voyages en Andalousie, trois en été et deux en hiver. Le sud de l’Espagne est source d’inspiration, auréolée de la passion qu’il éprouve pour Pépita. Il y peindra trois toiles et plusieurs carnets de croquis sont consacrés à cette période. Pour travailler il aime particulièrement s’installer à la cave, où comme beaucoup de maisons bourgeoises de l’époque celle-ci possède un soupirail en façade. Le peintre prend l’habitude d’esquisser quelques croquis, lors des fortes chaleurs de l’été. Bien sûr il y fait frais mais là n’est pas le but de l’artiste. Il y trouve matière à changer son point de vue, observant ainsi la rue et le passage des promeneurs d’un regard rasant;
La fidélité est une danse explicite dans le balancement des pieds chaussés à laquelle le chien fait écho. C’est une invitation cohérente et fiable, loin de toute mascarade, dévouée au lien qui unit la jeune femme et le chien. Le chien fidèle suit le mouvement, chaque pas entraine le suivant, dans un rythme similaire, le tout fondu dans une sobriété qui reflète l’importance de l’unité entre l’un et l‘autre si bien que la distinction du rythme échoie autant à la jeune fille qu’à l’animal. On est très loin des confinités de l’époque et on peut sans mal associer l’idée que le peintre a donné sens à quelques mitochondries par le fait même d’y peindre l’animal en mouvement. La vivacité traduite du dit mouvement est à l’époque considéré comme une révolution dans le rythme. Georgios Îlyfékuoi le dit lui-même, « La fidélité englobe l’enthousiasme et la fouge d’un lien qui demeure fort et rien ne s’apparente moins au trompe-l’œil que cette fidélité-là » Cependant il est bon de souligner, – même si Îlyfékuoi ne l’évoque pas explicitement – que le peintre puise le rythme plein de fièvre de ses oeuvres futures de la danse andalouse, le flamenco, qu’il découvrit lors de sa première venue. Cette danse passionnée changera son regard sur le mouvement.
On pourrait croire que Georgios Îlyfékuoi donne ici une représentation classique de la diligence pourtant il transcende la vitalité d’une scène classique avec un sens audacieux et énergique qui reste à ce jour rarement égalé.
Pour l’agenda ironique de mai hébergé ce mois-ci par Des arts et des mots sur le thème « peinture et tableaux » il fallait rédiger le cartel du tableau et imaginer une critique d’art parmi 5 tableaux proposés Le tout parsemé de quelques mots imposés : Confinités- Révolution- Mascarade- Mitochondries- Trompe l’oeil et keskecébo
L’oeuvre originale Dynamisme d’un chien en laisse a été peinte par Giacomo Balla.
le lyrisme de cette critique n’échappe pas au lecteur, et lui donne l’envie de s’approprier l’œuvre ! merci Laurence
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Merci Gibulène, c’est que Georgios Îlyfékuoi est un peintre lui-même très enthousiaste et exalté 🙂
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C’est un pur délice, ça, Laurence !
L’art et la passion,vu du soupirail de la cave de l’artiste, un délice.
Voilà bien un homme heureux, et toi, tu as su si bien exprimer la beauté de l’humain paré de sa vertu !
Un pur Délis !
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Merci Jo pour cette envolée délicieuse ! 🙂
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En tout cas c’est plausible, et tellement bien « critiqué » 😉
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Merci PatchCath, c’est l’avantage de l’Agenda Ironique, tout devient possible 🙂
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Bon jour Laurence,
On y croit. C’est là l’essentiel 🙂
Le nom de l’artiste, déjà, porte à la rêverie à la liberté de mouvements à la gestuelle du temps qui se peint lui-même entre l’artiste et sa muse. L’amour, toujours l’amour en ce relief qui s’impose, à la structure de l’élégance du tableau …
En un mot : voilà une belle partition 🙂
Max-Louis
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Merci beaucoup Max-Louis.
Tant mieux si on y croit ! C’est effectivement l’essentiel 🙂
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Je découvre un artiste, une œuvre, le tout magnifié par tes mots qui résonnent dans mon esprit curieux. J’apprends, je regarde, c’est inspirant. merci Laurence. Je te souhaite un beau weekend ensoleillé comme ici en Bretagne 🙂
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Tout cela est purement inventif, mais j’ai adoré créer une histoire autour de cette œuvre 🙂
Bon week-end sous la grisaille par ici. Je t’emprunte un bout de soleil breton pour réchauffer le sud. 🙂
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Excellent en effet, j’aime beaucoup le point de vue « de la cave », quant au style « critique d’art », il est parfait…
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Merci Jean-Pierre. L’excellence revient au thème, fort bien choisi !
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Excellent ! tu as du lire beaucoup de critique d’art :)…moralité : il faut séparer l’oeuvre de l’artiste et l’artiste du modèle…
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Je n’en lis jamais, mais en inventer une m’a bien amusé 🙂
Merci beaucoup Carnets !
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Tu as la grande forme Laurence!
C’est très drôle, tu éreintes au passage les critiques faussement intellos et les snobs avec justesse et esprit.
Reste qu’on ne sait toujours pas keskiluifé 😉
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C’est l’effet post confinement 🙂
Merci beaucoup Alma.
Le nom du peintre c’est l’idée de ma fille, du coup je n’en sais pas plus 😉
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Une double découverte : celle du peintre et ta façon de raconter une œuvre, de la faire vivre, de nous transmettre ta passion pour la peinture.
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Inventer l’oeuvre et la vie d’un peintre est réjouissante 🙂
Bonne soirée John.
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Et c’est très réussie.
Bonne soirée Laurence
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