Samedi, soir d’automne

Samedi, soir d’automne,

Je t’écris alors qu’ici l’air s’imprègne de l’odeur des feuilles brûlées et des premiers feux de cheminées. Les deux érables virent à l’écarlate ; les collines à l’ocre tacheté d’or. Il y a tant de couleurs en cette saison qui me font penser à toi. Jusqu’à la lune rousse qui se lève déjà. Aujourd’hui je me suis baladé jusqu’au lac et j’aurais presque pu m’imaginer chez nous. Ne manque que le ponton sur lequel j’aime me poser pour dessiner le saule pleureur et les frissons de l’eau agités par la brise. Et notre maison avec toi à l’intérieur.

En cette saison, l’insolite s’invite souvent quand les nuages lourds de pluie dessinent d’étranges formes dans le ciel. Malgré la fraîcheur, je m’installe sur la terrasse pour les dessiner, emmitouflé dans le pull que tu m’as offert l’hiver dernier. Dernièrement, j’y ai vu de drôles de cachalots, des arbres-oiseaux, un pingouin qui danse avec une licorne. Ils métamorphosent le ciel et m’inspirent de nouvelles histoires. Tu te souviens, on disait qu’il suffisait de regarder autour de nous pour voir le monde changer d’apparence et c’est toujours vrai. Je crée des histoires pour enfants à partir du firmament et je foisonne déjà d’idées pour mon prochain livre. As-tu reçu le dernier album que je t’ai envoyé ? Peut-être pourras-tu le lire à Elliot lorsqu’il aura grandi.

Comme tu me l’as suggéré dans ta dernière lettre j’ai baptisé le chien « Youpi ». Je ne suis pas certain que ce soit mieux que mon choix de le nommer « Démon » mais c’est aussi ton chien (et ça rime avec gentil). Il commence à s’habituer à moi, il est moins sur la défensive quand il détecte le moindre bruit. (Tu remarqueras les progrès notables : avant il s’enfuyait devant une feuille morte qui tombait devant lui comme s’il s’agissait d’un grand danger)

Les nuits sont longues à présent et se sont autant d’heures où s’affiche le manque de toi. J’écoute la poésie de nos âmes se souvenir de nous. Je t’en prie, ne cesse pas de m’écrire, tu le sais, je reviendrai.

Je t’enlace comme je t’aime.

Les plumes chez Emilie. Du thème MONSTRES ont découlé 14 mots : gentil, apparence, poésie, cachalot, insolite, frisson, prier, courir, se cacher, pingouin, youpi, démon, danger, détecter.

28 réflexions sur “Samedi, soir d’automne

  1. L’automne a cette faculté incroyable de nous transformer en poète ! Si beaucoup d’entre nous ne peuvent l’exprimer par des mots, il reste les regards et les exclamations qui les remplacent aisément ! Il y a aussi les photos. Un petit clic de rien du tout, et la poésie est en boîte.
    Toi, tu connais les mots, leur cheminement vers nos coeurs, c’est tout plein joli ! Bisous

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