Terre à neuf – An 9

A lire, un poème au titre évocateur « Terre à neuf – An 9 » de tiniak sur mon tableau Le chant de la Terre – IX. Un tableau qui apparemment suscite l’inspiration 🙂
Merci à toi tiniak ❤

poLétique et tocs

Une correspondance avec une œuvre graphique de Laurence Délis
+ un clin d’oeil appuyé sur l’épaule de mon amie
Lolo Joy Vitalis
+ un bon peu de Pauline Croze et son spleen idéal

Quand le chant de la terre aura remis à neuf
entre la larme et l’œuf, cette aura de mystère
qu’aux souffles conjugués d’un vieil âne et d’un bœuf
le doux verbe d’aimer se répandit, naguère…

Quand le conseil des vents, unanime et moqueur
raccordera les leurs aux plis de l’océan
ornant les continents de pigments tapageurs…

Je goûterai, enfin, la saveur enfantine
de joindre à ce concert mes fébriles racines !

Le chant de la Terre - IX, de Laurence Délis; un visuel graphique, objet d'un poLème de tiniak; poLétiquement vôtre, tiniak.
Le chant de la Terre – IX, Laurence Délis.

tiniak ©2023 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
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Une mixité absolue : Pauline Croze, Nawel Ben Kraïem et Gaël Faye !

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pleine Lune bleue

Très touchée par la belle interprétation poétique de Frédéric G.M sur un de mes tableaux.
Merci beaucoup Frédéric ❤

le Clos des Mots

merci à Laurence Délis pour son aimable autorisation
et à qui je dédie ce poème

pleine lune bleue
sur le temps du rêve

comme en plein jour
pas d’étoiles

mais elles brillent
en nous

très douce la nuit
effeuille l’arbre de vie

et sur son écorce
et sur les collines

un grand Soleil trace
mille chemins d’aimer

image : l’Arbre et la Lune – II (techniques mixte sur toile) © Laurence Délis

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La danse des arbres II de Laurence Délis

Et la poésie sensible de Julien sur un autre de mes tableaux…
Merci à toi ❤

Le rivage soucieux

Laurence Délis

Tu me prends par la main caresses de racines
Attestation des reins pointe de colombine
Je désire un tracé qui par le Soleil mime
L’ ombrage dédicace élévation ultime

Les feuillages élancés frappent la goutte d’ eau
Attrapée en plein vol repères cardinaux
Le branchage ossature et ce sentiment d’ if
La poussée vers le ciel ce courage olfactif

Et je me laisse aimer par les tendres années
Aux limites des sources abreuvant canopées
Jungles de sortilèges et mélodieux arpèges

Le bois qu’ on s’ autorise à parler de musique
Un violon de luthier qu’ il est bien plus pratique
D’ embrasser le cortège à la chaleur du beige

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Rencontre

C’est un naufragé de tous horizons 
traversé de tristes soirs et de rues désertes
l’âme courbée autour des ombres 
Et du désordre des heures sans lumière
il fuit le regard
les failles
et les taches assourdissantes de silence 
toutes les guerres pesantes

il déserte la folie massive de la forêt humaine
et des hommes sans nom

Il part

il part
à la rencontre
d’un soleil tremblant
et des arbres flottant dans le vent
 

Distribution internationale de mon roman « Celui qui veille »

A la demande de certains d’entre vous, je vous informe que mon roman Celui qui veille est à présent disponible à peu près partout dans le monde. Il est donc possible de le commander chez votre libraire préféré où que vous habitiez ou de passer commande par la librairie BOD ainsi que sur toutes les plateformes de librairie en ligne. Si néanmoins vous rencontriez la moindre difficulté, n’hésitez pas à me le dire.

Celui qui veille est un roman de littérature imaginaire dans lequel évolue Liiro, héros de cette histoire. Outre son aventure, il y est question de l’Humain et aborde le thème de la séparation du corps et de l’âme. Il évoque également l’attachement invisible entre les êtres et met en évidence la force d’une communauté, la fragilité de l’Homme et son courage.

Sur la Terre, des générations après le Grand Chaos, les humains doivent faire face à un monde hostile et primitif où ils côtoient et affrontent des espèces mutantes dangereuses. Liiro, jeune homme solitaire depuis la mort de sa famille, fait la connaissance de Malïa. Tous deux font d’étranges rêves et leurs songes les mènent dans une région où des vers géants, issus de mutations génétiques, se nourrissent de l’âme des habitants. Ils y rencontrent Loë et Sylco, deux chasseurs de vers qui luttent sans merci contre la voracité de ces terribles créatures qui les privent des leurs.
La venue de Malïa et Liiro va donner un sens à la recherche de l’âme de la soeur de Loë. Leur quête et les évènements qui se succèdent conduisent les jeunes gens à affronter des situations et des sentiments qui bousculeront leur vie.

Le goût sucré du présent renouvelé.

@ Fred Hedin

Tu avais choisi le restaurant parce que son nom sonnait comme une promesse gourmande et généreuse. Dans le froid de cette nuit d’hiver, les lumières du lieu nimbaient les vitrages de rose et d’ambre et offrait une certaine intimité. A peine devinait-on les gens à l’intérieur. Je me souviens avoir pensé que même l’éclairage public patinait les murs d’une couleur cuivrée comme celle de tes cheveux. Peut-être aurions-nous dû entrer comme prévu, nous assoir et commander le menu de ton choix. Nous aurions pu, c’est certain. Nous aurions sans aucun doute apprécié le charme du lieu et les plats proposés. Tu m’avais dit ne pas vouloir rentrer tard chez toi car tu devais partir tôt le lendemain et j’entendais dans la tonalité de ta voix bien d’autres choses que l’on n’osait pas se dire. Nous aurions pu entrer, dîner et repartir chacun chez soi. Mais l’audace m’a saisi avant même de franchir le seuil du restaurant. Un élan franc teinté de sentiments épicés. Oui, la confiance m’habillait comme une seconde peau. C’était bien davantage qu’une promesse gourmande, c’était la certitude d’années généreuses avec toi. Le goût sucré du présent renouvelé.

Tu dis que je suis un vieux sentimental et ma foi, c’est fort possible. Pourtant lorsque je me penche vers toi, que ma main plonge dans ta chevelure blanche à présent, ton sourire gourmand est le même que lorsque je t’ai embrassée ce soir-là.

Une photo, quelques mots, atelier d’écriture Bric à Book n°426

L’ arbre XXVI De Laurence Délis

Toujours aussi sensible et à l’écoute de mes peintures, voici à lire un nouveau poème de Julien.
Merci à toi, Julien.

Le rivage soucieux

Laurence Délis

Ils avaient annoncé la beauté de tes traits
Sur le tapis de seigle étaient mis à l’ arrêt
Les pinceaux étrangers roulant d’ éternité
Sur cet ivre étrier où racines prenaient

Alors les feuilles en cuivre allèrent voir ailleurs
Se faire le décor d’ un esprit d’ une flamme
La note de tendresse étirée par la femme
Qui jalonnait la toile épicéas d’ hier

Cette touche orangée fine photosynthèse
Pour un homme-arbre-feu les nervures de glaise
Portant le doux fardeau d’ un tronc fort et latin

On trouverait ici les traces de ma sève
Accrochée à tes branches pour qu’ entaille le rêve
Qui ira dans mon coeur au profond des embruns.

Merci Laurence

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Le chant de la Terre De Laurence Délis

Merveilles que les mots de Julien sur ce chant-là…
Merci beaucoup Julien ❤

Le rivage soucieux

Laurence Délis

J’ ai exacerbé les chansons
de ton âme mûre
et le silence dévoré
par la couleur d’ un temps
que seul Lui parachève
d’ un littoral
presque parfait

il y manquait ton sable
et à l’ horizon la défaite
de la tristesse vaincue
et dévolue en énergie

faite pour les sanguins
d’ une ville ou d’ une autre
peu importe tant qu’ on y retrouve
cette musique qui laisse parler les coeurs

et la furie d’ émotions lâchée aux trousses du destin

comme un dernier pinceau
au creux des poumons
là… juste là… là où ça tape…

On braque souvent le fusil vers les étoiles
mais les anges peignent -et depuis des millénaires
l’ Apocalypse des sens
dont l’ artiste sent, entend et fait parler la toile

parsemée de tendresse.

Merci Laurence

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Hommage

A la mémoire de Yann Pbd, dont je viens d’apprendre le décès via les réseaux sociaux et que certains d’entre nous suivions sur la blogosphère. La poésie que tu nous offrais quotidiennement va me manquer. Bon vent l’ami, où qu’il te porte.

Il aimait ma peinture et il y a quelques années avait eu un grand coup de coeur pour ce tableau.

Un couple sans histoire

@ Fred Hedin

Là où les pavés réfléchissent la lumière des luminaires, Damien avance. Il avance au creux de la ville qui sommeille et des rues calmes des nuits sans lune. Ce soir, Damien a quitté sa femme et sa maison. Il part sans rien d’autre que ce qu’il porte sur lui comme s’il allait revenir et rentrer chez lui. Mais pas cette fois, il le sait. D’un pas franchi il a parcouru un chemin inouï. Il part sans retour, la trouille au ventre et l’espoir titubant. Il avance le cœur battant fort, avec juste assez d’estime pour ne pas reculer. Il aura fallu bien des hésitations, des espoirs avortés pour apprendre à ne plus subir l’amour malsain de Sylvie. Il aura fallu entendre parler de ces hommes qui, comme lui, ont enduré des années de comportements toxiques pour enfin oser partir.

Qui peut prétendre connaître ce qui se vit derrière les murs des maisons. Qui peut dire les silences frappés d’hostilité qui suintent derrière les volets fermés. Les phrases assassines, les incessantes humiliations. Chut ! Il demeure des prisons affectives à l’intérieur des logis dont on se garde bien de parler.

Une photo, quelques mots, Bric à book 424

Astrolabe le crabe

Astrolabe le vieux crabe chantait. Il n’avait pourtant chanté qu’une fois Tutti Frutti de Little Richard et depuis on le réclamait partout. On traversait des pays et des mers, on venait de loin pour le voir. Des touristes affublés de tee-shirt à son effigie, des gamins tenant des peluches à son image, des filles aux tenues affriolantes, tous armés de leur téléphone pour saisir d’un flash malhabile une photo du crabe chanteur. Astrolabe s’était bien demandé pourquoi, puis avait cessé de s’interroger sur l’absurdité de la chose. « C’est le plus beau jour de ma vie » entendait-il, même si Astrolabe restait planqué sous le sable, à l’abri de la foule en délire. Il ne sortait qu’à marée montante, malgré la cohue, lorsqu’il pouvait se laisser porter par les flots.

Il n’enviait nullement la condition d’humain, l’individualisme assumé, les échanges d’aménités et autres bassesses auxquels se livraient les gens pour l’inciter à venir faire le show sur des plateaux de fruits de mer ou pire dans un Frutti di mare des plus douteux. Sous le sable, Astrolabe rêvait. Il rêvait de ciels étoilés et de jours lumineux que l’on ne voyait guère depuis des lustres. De plages et d’océan vierges de pollution. Il rêvait de choses simples qui étaient devenus terriblement compliquées depuis que les hommes s’étaient imaginés propriétaire de la planète.

Pour l'agenda ironique de janvier hébergé chez TINIAK. Ecrire un texte en 223 mots maximum et insérer 3 mots minimum ou expressions : Tutti frutti, frutti di mare, marée, dentier de, crabe, crabouille, "ouille la là !" amen, aménité, "ite missa est !" 

Le chant de l’ eau De Laurence Délis

Pure merveille ! Ne vous privez surtout pas d’aller lire les mots inspirés de Julien sur un de mes tableaux !
Merci Julien

Le rivage soucieux

Laurence Délis

Dans mon coeur lumineux j’ étends des doigts de sel
A l’ intérieur je presse un ventricule d’ algues
Poumon hypersensible et alors je dialogue
Avec une historienne aux teintes de corail

Elle m’ apprend qu’ au profond les galets jouent ensemble
Comme de vieux amis des comparses d’ abysse
Rayonnant de justesse aquatiques délices
Respirant l’ opaline oui moi pirate instable

Et le beau se surpasse aux limites des pores
Des étoiles de mer des requins des remords
Que l’ on a de ne pas oser quitter le bord

On se lance à l’ amour picotis plein les yeux
Le sable nous fait vivre et respirer au mieux
Des rêves d’ océans que l’ on ne fait qu’ à deux.

Merci Laurence

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Les rêveurs

Dans la trajectoire sans fin des galaxies
les corps endormis bercent les rêveurs
Et malgré l’oubli de leurs racines
eux qui ne sont pas de ce monde
mais bien rebelles en ce monde
y entendent et voient
la richesse des gestes aimés
toute déraison sensée
la danse lente du chant des âmes
les couleurs et les mots poétiques
du cœur des hommes

Ils respirent l’instant animé de la terre
toutes variations expressives et tenaces du vivant
et face aux affronts qu'ils subissent 
portent en eux la présence folle de leur résistance

L’écharpe inattendue

Pour les neuf ans de ce blog, voici un récit écrit il y a quelques années, toujours de circonstance en ce mois de décembre. Bonne lecture.

Quand Fabien sortit de chez lui à l’aube d’un matin gris de novembre, un brouillard dense enveloppait la ville comme une ouate. Les sons assourdis et la lumière pâle du jour convergeaient à l’intérieur. La sensation était plutôt agréable, Fabien avait l’impression de flotter lui-même dans un espace ample, dénué d’inquiétude. Il avançait sur la partie gauche de la route, celle où durant l’été les arbres prolongent l’ombre au-dessus des bancs qui bordent le parc. L’éclairage des lampadaires trouait la brume de halos ordonnés et semblait se mouvoir comme une symétrie urbaine aux repères cadencés. Le froid et l’humidité imprégnaient l’air. Fabien enroula autour de son cou l’écharpe qu’il portait dès les premiers frimas. L’écharpe unie, de couleur safran au tissage serré, était douce au toucher. Longue et de belle largeur. Elle avait un petit accroc près de la couture du bas. Fabien n’avait jamais cherché à le recoudre. Au contraire le savoir là, lui offrait le souvenir d’un incident particulier, une résurgence avec mots, odeurs et sensations livrés en vrac.  Et, de temps à autre, il y replongeait comme une main dans un sachet de bonbons anticipant le plaisir de la gourmandise.

A cette époque il dormait près de la gare, entre les poubelles de l’hôtel de la Gare et celles du restaurant qui portaient le même nom. Un renfoncement dans le mur lui donnait une impression de protection et surtout de réconfort grâce à la climatisation de l’hôtel fixée de l’autre côté du mur qui lui apportait un semblant de chauffage. Il y logeait avec plus ou moins d’aisance son grand corps recroquevillé dans ses vêtements trop lâches. Quel que soit le temps et la saison, il avait pourtant froid. Il arrivait toutefois à dormir par intermittence quelques heures, baignant dans l’état intranquille de l’agitation ambiante. La nuit révélait la fureur fauve des êtres. A ces heures, la violence, les cris, l’impatience, la démesure redoublaient d’intensité et de peur. Malgré tout, il restait impavide, comme coupé du monde. S’il tenait à ce petit coin de mur c’était aussi parce que certains matins, il trouvait à son réveil, une bouteille d’eau, une baguette de pain, un fruit posés près de lui, et certains jours, une viennoiserie. Une fois, il avait même eu droit à un baba au rhum.

Il ignora tout de son mystérieux et discret donateur jusqu’à cette nuit particulièrement glaciale où réveillé par une pression sur son épaule il leva les yeux sur un jeune homme à peine sorti de l’adolescence. Le visage émacié sur un regard d’une humanité rare, le sourire indécis, il semblait penaud de l’avoir réveillé. Il portait un manteau entrouvert sur une tenue de serveur et tenait à la main une pochette de papier cadeau froissé. Il tendit le paquet à Fabien, avant de partir comme un voleur « C’est pour vous » dit-il, déjà loin.


			

Beauté ( Les marque-pages de Laurence Délis) — Lire dit-elle

Très touchée de ton partage Barbara et des mots qu’ils t’ont inspirés…

la beauté que nous traversons parfois

forme d’inoubliables figures et nos mains sont tendues en son endroit

comme des ombres dures dans la transparence du sang

Barbara Auzou

Beauté ( Les marque-pages de Laurence Délis) — Lire dit-elle

Le succès des marque-pages

Si je dois faire un bilan succinct de ces derniers jours sur les marchés, il est certain que les marques-pages ont le vent en poupe et qu’il n’y a pas d’âge pour être séduit. Comme à chaque fois, je reste particulièrement touchée par les enfants qui viennent dépenser leurs sous pour ce genre d’achat. Je lis dans leurs yeux le plaisir anticipé de glisser le marque-page – choisi avec beaucoup de soin – dans leur livre préféré du moment.

Fort du succès que ces marque-pages rencontre et à la demande de certains d’entre vous, j’ajouterai très prochainement dans la barre de menu de ce blog une section marque-pages qui sera régulièrement mise à jour pour y découvrir mes dernières inspirations.

Parution de mon roman : Celui qui veille

Celui qui veille vient de paraître. « Enfin ! » pourrais-je dire car ce roman aura pris son temps, un temps plus que nécessaire pour exister au-delà de l’histoire. Produire un roman de A à Z est un processus de longue haleine qui m’a demandé des périodes de recul indispensable pour mieux appréhender toute la complexité de la chose. L’aventure a été belle, remplie de doutes, de découragement et d’exaltation et c’est grâce au soutien et à l’aide de mes proches que ce livre a pu aboutir. Qu’ils en soient remerciés ici aussi.

Si j’ai déjà écrit de courts récits imaginaires, c’est le premier roman de littérature imaginaire que j’aboutis. Au-delà de l’histoire de Liiro, héros de ce livre, il y est principalement question de l’Humain et aborde le thème de la séparation du corps et de l’âme. Il évoque également l’attachement invisible entre les êtres et met en évidence la force d’une communauté, la fragilité de l’Homme et son courage.

Il est disponible sous 8 jours sur la librairie BoD ICI ou sur commande chez votre libraire (comptez un mois) ainsi que sur tous sites de ventes de librairies du web de votre choix.

Disponible en édition broché ISBN: 9782322435272

Et en ePub ISBN: 9782322499205

Ci-dessous un extrait du roman :

La veille du passage du col, Liiro décréta une halte plus longue que les jours précédents afin de prendre un temps de repos qu’il estimait essentiel. L’ascension et les dénivelés qui les attendaient le lendemain ne seraient pas aisés. Pour avoir une chance de franchir le col avant le crépuscule ils devraient partir à l’aube, aussi, dînèrent-ils tôt, dans un certain silence, chacun perdu dans ses pensées. Malïa hésita tout le long du souper avant de révéler à Liiro la vision qui ne cessait de bousculer ses rêves depuis plusieurs nuits. Elle ignorait si son nouvel état amenait des perceptions différentes de celles qu’elle avait pu expérimentées par le passé, mais il était manifeste que la signification de ces songes lui échappait. En parler lui permettrait peut-être d’y voir un peu plus clair. Assise face à Liiro, les reliefs du repas entre eux deux, elle avoua :

— Je vois une fille. Une fille qui dessine dans le sable.

— Ouais, moi aussi, répliqua aussitôt Liiro.

— Toi ? dit-elle, réellement surprise.

Il évitait son regard, les yeux baissés sur sa main qui s’empara vivement de la sphère de bois suspendue à son cou. Le geste l’apaisa. Quoique réticent à expliquer ses rêves il était conscient de devoir le faire.

— Elle trace des mots. Des mots qui me concernent… et puis d’autres qui nous concernent. Tu ne m’aurais pas envoûté Malïa, pour que je me mette à voir des trucs qui n’existent pas ? grommela-t-il.

— Des mots qui disent quoi ?

— Elle nous attend.

— Où ?

— De l’autre côté des montagnes. Et puis des images m’apparaissent. La mer, le sable, et une espèce de gros ver assez déplaisant, du genre hybride. Il y en a partout et ils sont dangereux.

— Elle te dit tout ça ?

— Elle trace des mots dans le sable, elle raconte des choses… et les images sont très présentes. Que veux-tu que j’y comprenne, c’est toi la sorcière, pas moi.

— Tu perçois mieux que moi ce qu’elle tente de nous dire. Ce que je ressens est confus. Elle semble infiniment loin, perdue dans un vide que je ne souhaite à personne. Elle a peur.

— Elle nous attend et elle trace des mots, répéta-t-il en réprimant le frisson qui l’envahit.

— Quels mots ?

— De ceux qui m’habitent, de ceux qui m’appartiennent, murmura-t-il en se couchant sur le côté. Il est temps de dormir. Demain, la journée risque d’être éprouvante.

Automne