Il pleut. Ça déborde de partout. Le fleuve crée une confusion de tourbillons, creuse le fond de son lit dans des remous boueux. Le vent cinglant crache des bourrasques de pluie et j’ai froid.
J’ai froid en dedans. Froid en dehors. Mars est un mois qui annonce la renaissance, mais de cette renaissance je n’en vois pas la lumière. Mars s’affiche en grésil, fouette ma résistance.
Tout est sombre à l’intérieur, tout est sombre à l’extérieur. Ça fouette de partout, ça blesse sans cesse. Un refrain sombre et destructeur qui hante les jours et tarit les nuits.
Ça chuchote fort lorsque je circule dans les couloirs. J’ai beau tenter me fondre dans la masse, dans la foule des anonymes, il y en a toujours un qui bouscule, toujours un qui broie l’âme.
La violence du fleuve est presque rassurante, apaisante. Qui sait vers quel méandre je vais partir ? Vers quel ailleurs mon corps basculera ?
Sur le pont, l’air danse fort. J’ai le corps qui bouge sans effort. Du haut du parapet, je joue à l’acrobate, titube un peu, ivre de pluie et de froid.
Comme un écho, j’entends la peine et plus encore la déchirure du ciel qui s’abat sur moi. Je suis fatigué de lutter, fatigué de me heurter sans cesse à la violence des autres. C’est terrible comme la solitude nous happe lorsque notre âme n’est plus qu’un léger battement, un souffle qui s’épuise à retenir… quoi ? La vie ? Laissez-moi rire, la vie n’est qu’une succession de déchets qui s’abat plus fort que la pluie, arrache l’espoir et ouvre l’amertume et les blessures.J’attends que cesse la peur qui me retient. Il en faut du courage pour sauter et le courage me manque.
Comme un écho lointain une voix pleure en moi. Le prix me parait soudain trop fort. Peut-être la désespérance n’est-elle pas aussi importante que je le pensais.
Tip ! Flip ! Flac ! Tip ! Flip ! Flac ! Mars, n’en finit pas de pleurer, de laver l’hiver qui s’éloigne et je retiens encore un instant l’équilibre qui se joue de la pesanteur.
La seconde partie à lire ici : https://palettedexpressions.wordpress.com/2015/03/04/ivres-de-pluie-et-detoiles/
Ce texte a été écrit dans le cadre de : Participation jeu-concours : Mars il y a comme un écho.de Carnets paresseux https://carnetsparesseux.wordpress.com/2015/03/01/mars-il-y-a-comme-un-echo-jeu-concours/
Très beau texte où l’on entend Mars pleurer ….
Désespéré …
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Merci Valentyne 🙂
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Pas mieux que Harpie sur le 2ème. Je me sens plus d’affinité avec celui-ci.
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Merci 🙂
Ah, peut-être un écho ?
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J’attend la deuxieme partie , j’ai hate de lire la suite .
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Sombre , mais je pense que l’echo sera plus joyeux , pour ressentir ce desespoir , il faut connaitre l’espoir auparavant . il y a surement une raison , pour en arriver a ces extremites , motivee par les contradictions internes qu’on s’invente , avec des passages de lucidite et de clairvoyance . En un mot j’adore . me donnera tu raison d’esperer ?
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Eh bien je te laisse espérer… je viens de publier la seconde partie 🙂
Merci beaucoup pour ton com et ton appréciation La Harpie ! Très touchée…
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