À la recherche de mon moi idéal, je suis descendue sous terre. L’air était dense, la terre meuble et humide. J’ai suivi les lumières suspendues, qui dans la nuit, ressemblaient à des salsifis sauvages. J’ai parcouru de long en large l’esplanade, mais j’ai eu beau me chercher je ne me suis pas trouvée. J’y ai pourtant croisé mon égo en conversation avec Jacques Lacan. Fallait le voir (mon égo pas Jacques) refléter dans son miroir toute la splendeur de son narcissisme assumé. Bernique ! Y a des jours où je me demande franchement quel JE, je suis ! Bref, j’ai poursuivi mon chemin et mes recherches. Mais attirée par les voix et la musique qui se jouait non loin de là, je me suis arrêtée à la brasserie “La Rotonde”.
Le lieu était bondé de monde, un ballet-théâtre y donnait une représentation. Un verre de pinot à un main, je me suis perdue loin de moi me réjouissant d’assister au spectacle donné. Des métropolitains en tenue de pingouins y dansaient, jouaient et déclamaient haut et fort leurs répliques. Un dernier verre et puis j’ai quitté tout ce petit monde. L’heure tournait, (ma tête aussi) et j’étais toujours à la recherche de moi-même. Les heures de la nuit s’allongeaient jusqu’à devenir trop familières. J’ai dû courir pour ne pas rater le ballon-taxi. En un bond je suis montée dedans et nous nous sommes envolés pour le jour suivant. C’est en arrivant sur la plage de Deauville que je me suis vue, en tenue de bain, les pieds dans l’eau, la main en visière le regard scrutant le littoral. Pendant un temps infinitésimal je me suis demandé si je ne rêvais pas. J’étais là avec mes gambettes à l’air, à me narguer sans pudeur. Quelle chipie me suis-je dit, elle ou bien moi-même, (à vrai dire je n’étais plus sûre de rien) m’avait chipée mon maillot !
Finalement à bien me regarder, idéal ou pas, l’émoi que je ressentais à être face à moi m’a rappelé que, qui que nous soyons, nul besoin de courir loin pour se trouver. On peut apprendre à bien vivre avec soi, sans idéal, peut-être même est-ce l’idée qu’il faut s’en faire. S’habituer à soi tout doucement, apprendre à s’aimer, un peu, puis beaucoup sans pour autant égaler l’égo non plus. – Celui-là, il n’en manque pas une pour s’immiscer dans le texte.
Le jour se levait. J’entendais déjà le Jaquemart sonner six heures et le coq chanter à tue-tête « ici l’Aube ! ici l’Aube !» J’ai pensé qu’il était trop tard pour aller compter les moutons dans le près d’à côté, alors à défaut je suis passée voir les brebis, qui elles, n’hésitaient pas à faire des salto à tout heure. Je me suis allongée dans l’herbe. Ça sentait déjà la chaleur et les blés coupés. Les coquelicots se balançaient dans le vent. J’ai respiré profondément. L’air du temps sommeillait à l’abri des indiscrets. Je me suis endormie tout contre moi. J’étais bien. Tout simplement bien.
Ce mois-ci l’agenda ironique est double. Donc doublement difficile de jouer mais le plaisir n’en reste pas moins grand ! 🙂 Avec un sujet d’Andréa et un de Dominique : S’inspirer d’une photo et du thème « Promenade sous terre » et y insérer une foison de mots. J’ai fait l’impasse pour trois d’entre eux. Pour les détails c’est par ici.
Des salsifis sauvages aux brebis qui font des saltos…y’a de belles trouvailles et surtout une belle ambiance…on se laisse bercer et emporter par ce récit si bien conté…
Bravo !
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Merci Annie 🙂
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Bon jour,
Diantre, un dédoublement de personnalité qui ne laisse pas indifférent avec ce : “elle ou bien moi-même m’avait chipée mon maillot” … 🙂 Bref, une promenade dans les méandres de l’être en recherche de soi dans les différents parcours qui osent se dévoiler comme une ouverture vers l’intimité qui semble séquestrée et pourtant libre d’être … libre à deux où le conflit semble absent, l’équilibre dans le faste du délire : “ les brebis, qui elles, n’hésitaient pas à faire des salto à tout heure” … un texte bien tissé et à relire encore encore avec tout ce plaisir …
Max-Louis
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Écrire ce genre de récit est un vrai plaisir. Il faut dire que les mots imposés et la photo ont joué le jeu sans problème.
Merci beaucoup pour ce retour Max-Louis 🙂
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Je me suis laissée emporter, tu m’as fait voyager Laurence dans un temps hors du temps, rêve ou illusion.
Apprendre à vivre avec soi, tout un programme passionnant!
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« Un temps hors du temps », oui il y a bien de cela. Un temps hors du temps,toutefois très présent 🙂
Merci Marie.
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Belle prouesse une fois encore et j’adore le sujet ainsi traité 🖒😘
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Merci Maly ! Quand je laisse l’imagination diriger le texte, ça part un peu dans tous les sens…C’est un vrai plaisir d’écriture pour moi 🙂
Bisous!
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Je me suis senti comme dans un rêve en te lisant, avec le surréalisme qui paraît normal quand on y est. C’est comme ces histoires écrites par le subconscient pour nous dire quelque chose.
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« Comme dans un rêve »c’est tout à fait ça, Pier ! L’imagination n’a pas de limites et tout me semble possible à écrire… voire à vivre. 😉
J’adore ça ! 🙂
Merci à toi.
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Et tu en as profité de cette charmante créature qui s’est allongée contre toi ?
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😀 !
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Plus que jamais éblouie par les pouvoirs de l’imaginaire !
Merci Laurence !
🙂
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Merci Andrea. 🙂
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Profondément touchée. Merci
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Merci à toi Venus.
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Quelle Imagination…Avec une pointe de surréalisme !
Bonne journée.
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Les mots imposés ont facilité l’imagination 🙂
Merci Tony
Belle soirée.
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Belle tranche d’imaginaire 🙂 💛 C’est bien… 💛 Tout simplement bien… 💛 🙂
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😉
Merci Marguerite ! 🙂
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